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Chez Borizio
Chez Borizio

L’art français du scandale

Boris Ngondy-Oss, mars 31, 2025mai 16, 2025

Durant l’été 2024, Paris fut la ville hôte des Jeux Olympiques d’été. Un événement qui impliqua que les yeux de la terre entière se braquent sur la France pendant deux semaines et qu’à cette occasion, la vitrine qu’on présente du pays se doive d’illustrer comme il faut sa réputation de terre bénie des arts, de la culture, de l’élégance, de la finesse et tout le tintouin.

Ainsi fut proposée comme c’est coutume une cérémonie d’ouverture, ici chapeautée par Thomas Jolly et à mes yeux inégale, loin d’atteindre l’épique du modèle chinois en 2008 où l’émotion du spectacle anglais de 2012 mais qui compta cela dit ses beaux moments comme par exemple le fameux cheval mécanique galopant sur la seine ou  l’improbable union entre Aya Nakamura et la garde Nationale que j’ai appréciée au grand comble de ma surprise.

Furent également invités en guise d’ambassadeurs de la culture de notre pays Zinédine Zidane, Jamel Debbouze, Gojira et même Céline Dion pour un grand bouquet final sur la tour Eiffel.

Mais aussi et surtout… Philippe Katerine ! Pour un moment qui a pour le moins qu’on puisse dire fait parler.

Le trublion est venu interpréter sa chanson « Nu » et ce, sûrement par souci de cohérence, dans le plus simple appareil, peint en bleu et entouré de drag queens, le tout dans un décor aux allures de banquet rappelant fortement la Cène, le célèbre tableau de Léonard de Vinci représentant le dernier repas du Christ.

Ce qui eut pour effet de causer un scandale monumental, comme chacun sait. En France et aux quatre coins de la planète, des réactions indignées et les condamnations de ce qui a été jugé comme un ignoble blasphème ne se sont pas faites attendre, venant entre autres de Donald Trump, Elon Musk, le pape Jean François, Viktor Orban, Tayiip Erdogan, et en gros d’à peu près toutes les partis d’extrême droite et les institutions chrétiennes d’Europe.

Il faut dire que la cérémonie était regardée par 2 milliards de téléspectateurs dans le monde entier et on se doute sans peine que bon nombre d’entre eux n’étaient pas forcément rompus à ces tendances grivoises bien de chez nous au pays des lumières et de la libération sexuelle. J’entends ainsi parfaitement que le fait de voir les couilles de Philippe Katerine en 4K à une telle heure de grande d’écoute ait pu en dérouter certains. Après tout même en France où ce genre de spectacle est légion depuis les années 60, il y en a toujours que ça horripile.

Philippe Katerine invité à commenter la polémique le lendemain au micro de BFMTV a déclaré sans remords apparent et de son ton goguenard : « Si il n’y avait pas de polémique, ce ne serait pas marrant »

Cette réponse m’a amusé. J’y ai trouvé là d’une part l’expression de cet esprit français typiquement provocateur et désinvolte qui fait tant notre réputation, et d’autre part de quoi encore plus nourrir la réflexion que je me fais depuis un long moment sur la nature artistique de la France, sur l’image que notre pays renvoie aux yeux du monde à travers sa culture et ses artistes. Et la tendance qu’ont eu un grand nombre des plus illustres d’entre eux au travers de leurs œuvres à casser les codes établis et choquer leur prochain, s’attirant ce faisant les foudres des autorités judiciaires, politiques ou religieuses quitte à faire face à une sévère censure, voire même parfois à l’exil ou la prison. Avant de devenir à posteriori les symboles cultes du patrimoine qu’on connaît.

Ainsi m’est venue l’envie histoire de bien illustrer cette tendance et de mettre en perspective la performance de Philippe Katerine, de rédiger huit mois après la guerre un article qui compilerait depuis le Grand Siècle quelques uns des plus célèbres artistes de l’histoire de France et les faits scandaleux qui ont fait leur renommée et leur postérité et, par extension celle du pays. Une liste bien évidemment non exhaustive qui pourra peut être avoir une vertu pédagogique pour certains, des fois qu’ils seraient soucieux d’apprendre deux ou trois choses à cette occasion.

Ils ont fait scandale. Et l’histoire de l’art français :

Molière

Qui de mieux pour commencer le voyage que l’homme à qui notre langue doit son surnom ? Jean Baptiste Poquelin, alias Molière, est une telle figure reine de l’histoire de la littérature française, de la France tout court même, un symbole si tutélaire de notre patrimoine culturel, qu’on ne soupçonnerait pas qu’il fut de son vivant une figure très hautement controversée. Et que si il n’avait pas été dans les si bons petits papiers de Louis XIV, son sort aurait pu être bien funeste, probablement scellé entre les murs d’une cellule poisseuse de la Bastille.

La raison d’une réputation si sulfureuse ? Le fait que monsieur Poquelin, en grand et génial farceur qu’il était, s’est allègrement livré au fil de son œuvre au fait de dénoncer l’hypocrisie des institutions de son temps qu’étaient l’aristocratie, l’ordre des médecins et bien évidemment la grande et sainte Eglise catholique, ayant eu avec cette dernière on s’en doute, les rapports les plus compliqués. Sa fameuse pièce Tartuffe dans laquelle il met en scène un imposteur qui se sert de la religion pour tromper les honnêtes gens fut interdite par le roi sous l’insistance de l’archevêque de Paris et dut être largement censurée et remaniée afin de pouvoir être jouée publiquement.

Les philosophes des Lumières

Ils sont ceux qui ont tout révolutionné. De tous les grands points de bascule que comporte l’histoire de France, celui que représente le courant des Lumières au XVIIIe siècle est certainement le plus fameux et le plus controversé. C’est celui qui a mené directement à 1789, à la mort de la monarchie, au début du souffle républicain, de la démocratie, enfin bref vous connaissez l’histoire, on ne va pas inutilement la rappeler.

Ces éléments cités suffisent déjà à donner une idée de l’aura scandaleuse qui entourait les philosophes des Lumières : Imaginez au temps où un monarque se réclamant de droit divin régnant de manière despotique sur un peuple avec l’impitoyable concours de la toute puissante Église catholique, officiel représentant de la parole de Dieu sur Terre, voir débarquer une bande de philosophes remettant en cause sans vergogne le pouvoir du dit monarque, celui de l’Église, défendre les droits des hommes, la liberté d’expression et un libre accès au savoir permettant d’élever les consciences. Oui, ça créerait quelques étincelles…

Voltaire, Rousseau et Diderot furent ainsi les plus célèbres de ceux qui menèrent ce grand combat idéologique et les livres furent leurs armes premières. Ils les publièrent telles des bombes dans la société de l’époque et connurent en retour une répression sévère :

  • Les Lettres philosophiques de Voltaire publiées en 1733 dans lesquelles il critique pouvoir et religion sont interdites et brûlées en place publique et son célèbre Candide jugé trop subversif dût être publié en Suisse
  • Rousseau subit en 1742 les foudres de la censure avec son Émile ou De l’éducation, œuvre remettant en cause les méthodes d’éducation traditionnelles, elle aussi brûlée en place publique et contraignant son auteur à la fuite en Suisse
  • Diderot lui est carrément envoyé en taule sans procès en 1749 à la suite de la publication de sa Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient dans laquelle il se positionne en faveur de l’athéisme. 3 mois passés au frais dans le donjon du château de Vincennes (Là où le marquis de Sade sera également enfermé plus tard) qui traumatiseront l’écrivain au point qu’il préférera attendre d’être mort avant de faire publier de manière posthume ses autres brûlots comme par exemple La Religieuse, son grand tir de lance-roquettes envoyé aux dents de la religion chrétienne.

Et puis comment ne pas évoquer bien entendu l’Encyclopédie ? Le grand projet mère des Lumières ambitionnant à compiler ce qui constituait alors tout le savoir de l’humanité, une vaste entreprise dont la rédaction s’étala sur plus de 20 ans et dans la plus totale clandestinité, le pouvoir et le clergé voyant d’un très mauvais œil cet ouvrage monument susceptible d’un peu trop éveiller les consciences et de mener à la révolte.

Les Liaisons Dangereuses

Un des plus sensationnels chefs d’œuvre de notre littérature publié en 1782 par Choderlos de Laclos, sorte de grand manifeste épistolaire de l’esprit libertin du XVIIIe siècle, illustration notoire du raffinement de sa langue, qui met en scène Merteuil et Valmont, ce mythique tandem d’aristocrates salopards et pervers machinant pour dévergonder la pauvre Cécile de Volanges dans une histoire de mœurs cruelle et sensuelle aux allusions sexuelles fines mais bien senties. Le succès qu’il obtint fut énorme, le scandale qu’il causa aussi. C’est peu dire qu’ils furent nombreux ceux qui se reconnurent dans les traits et les gestes de ces personnages dont Choderlos de Laclos avait décidément brossé un portrait bien trop vérace et pertinent. Et même à l’étranger, le succès fut au rendez-vous. Ainsi, un joli pan de la fameuse image des français comme étant ces gens cyniques libertins et sensuels très portés sur la chose a commencé à être dessiné aux yeux du monde avec cette œuvre à la modernité universelle.

Le Marquis de Sade

Parmi toutes les personnes mentionnées dans cet article, vous avez d’ores et déjà ici la plus scandaleuse. Et d’assez loin. Il faut dire que le terme « sadisme » qui désigne selon le Larousse une « perversion dans laquelle la satisfaction sexuelle ne peut être obtenue qu’en infligeant des souffrances physiques ou morales au partenaire » a été formé d’après son nom. Ça vous situe d’emblée le personnage.

Né en 1740 dans une richissime famille aristocrate, Donatien François Alphonse de Sade s’engage suivant les pas de son père et de son oncle dans une vie de libertin privilégié bien débauché, remettant très vite en cause l’ordre et la morale établis, est ainsi très tôt poussé à dépasser les limites et à commettre un bien vilain forfait : Fouetter dans le cadre d’une partie fine une clocharde le jour de Pâques. Un crime sexuel et blasphématoire qui lui vaudra son premier séjour en prison et le commencement de sa jolie réputation de monstre du scandale. Un deuxième crime (le fait de droguer des prostituées dans un bordel à Marseille) lui fait être de nouveau emprisonné, peine durant laquelle, n’ayant que ça à foutre, il se met à écrire. Ainsi naît Sade l’écrivain, auteur d’une œuvre autant pornographique que philosophique dans laquelle éclatent violemment son dégoût de la morale et de l’hypocrisie des hommes, son fervent athéisme et sa revendication d’une liberté extrême sans entrave. Tortures, viols, pédophilie, inceste, scatologie et autres joyeusetés sont allègrement décrits comme pour mettre en lumière et sans tabou les horribles et bien cachés bas instincts de l’être humain. Napoléon jugeant que le saligaud allait trop loin le fait enfermer pour de bon en 1801 jusqu’à sa mort.

Et pendant près de 150 ans, son œuvre restera interdite. Elle commence à être réhabilitée au début du XXe siècle par Apollinaire et les surréalistes puis finit par être publiée par l’éditeur Jean Jacques Pauvert dans les années 50, démarche qui lui vaut une étroite surveillance par la brigade des mœurs et même un procès !

De tous les auteurs de notre littérature, Sade est de loin celui qui aura le plus dérangé et scandalisé, s’assurant au fil de son œuvre horrifico-philosophico-pornographique à briser tous les tabous imaginables et par cette occasion une grande postérité notamment entretenue par le terme « sadisme » dérivé de son nom et par l’influence notable qu’il exerce, encore aujourd’hui, sur bon nombre d’artistes dans le monde pour qui il représente l’ultime idéal de l’artiste libre. Pas mal non ? C’est français.

Victor Hugo et Eugène Delacroix

Comme je le dis souvent, le Romantisme c’est la France. Et la France, c’est le Romantisme. Mais le romantisme n’est pas devenu France en arrivant tranquillement et en disant « s’il vous plaît, merci ». Au contraire, Victor Hugo s’est plutôt chargé de l’imposer littéralement à coups de poings notamment en 1830 lors de la fameuse bataille d’Hernani, du nom de sa pièce brisant les vieux codes du théâtre classique et contre laquelle les vieux classicistes réactionnaires luttèrent avec acharnement.

Ces mêmes classicistes, Delacroix les avait déjà scandalisés en débarquant en 1827 avec sa tonitruante Mort de Sardanapale, présentée sans vergogne aux yeux d’un public effaré de voir un sujet historique traité avec une sensualité aussi désinvolte, avec une violence si furieuse, avec un trait de pinceau si leste, relevant de l’onirisme.

La Mort de Sardanapale, le banger romantique de Delacroix

Mais même lorsqu’ils devinrent artistes établis, les deux géants durent subir la méfiance des autorités . On sait comment Victor Hugo dut s’exiler hors de France après le coup d’état de Napoléon III auquel il s’opposa férocement, devenant de ce fait un ennemi public numéro un du Second Empire et devant faire en France circuler ses œuvres pamphlétaires sous le manteau. Même son grand œuvre Les Misérables, le roman français le plus célèbre, dut d’abord être imprimé en Belgique avant de parvenir dans l’hexagone.

Delacroix connut un son de cloche relativement similaire avec sa toile la plus célèbre La Liberté guidant le peuple qui a dormi pendant 15 ans dans les caves du musée Royal où le roi Louis Philippe avait ordonné qu’on l’y foute en 1831, craignant qu’elle n’incite à la rébellion du peuple.

La fameuse Liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix, 1831

Et oui même les deux artistes les plus iconiques de l’histoire de la France ont du d’abord bien la faire chier avant de pouvoir l’incarner.

Baudelaire et Flaubert

1857, année zéro de la modernité littéraire française. Sortirent cette année là deux œuvres qui allaient devenir des emblèmes suprêmes de leur art : Les Fleurs du Mal, recueil de poèmes de Charles Baudelaire et Madame Bovary, roman de Gustave Flaubert. Mais deux œuvres qui avant d’atteindre la postérité qu’on leur connaît, ont causé le scandale. D’un côté on a Charles qui traite dans une poésie noire de thèmes aussi exotiques que le Diable, la mort, le sexe ou les prostituées et de l’autre côté on a Gustave qui nous narre sans pression les relations adultérines d’une bourgeoise de campagne qui s’emmerde. Charles veut trouver le Beau même dans l’horreur la plus noire, Gustave veut dénoncer l’hypocrisie de la morale bourgeoise et religieuse. Deux démarches à priori nobles mais qui vaudront aux deux zigotos d’être traînés sans ménagement devant les tribunaux pour immoralité et obscénité. Flaubert s’en est tiré, Baudelaire a payé une forte amende et dut retirer 6 poèmes de son recueil.

Les deux sont devenus légendes.

Gustave Courbet et Edouard Manet

Dans le sillon du père romantique Eugène, Gustave Courbet et Edouard Manet prennent le relai de la modernité en peinture au milieu du XIXe siècle avec une approche cassant avec le lyrisme flamboyant de Delacroix et gaillardement opposée à l’académisme régnant. Résultat : Moins d’esbroufe romantique, plus de réalisme et toujours autant de scandale. (Voire même plus)

En 1853, Courbet en représentant avec ses baigneuses des femmes de campagne aux corps nus naturellement charnus sans souci d’embellissement académique provoque un tollé inédit. On est au temps où la représentation du nu en peinture se doit d’être soyeuse et idéalisée. Les gens n’étaient pas prêts à avaler d’un coup une si grande dose de réel. Courbet se fait littéralement déchirer par la critique et ouvre d’un grand coup de pied la porte au réalisme en peinture.

Gustave Courbet, Les Baigneuses, 1853

Et puis nous avons bien évidemment la célèbre Origine du Monde que Courbet réalisa en 1866 sur commande pour la collection privée de Khalil-Bey, le fameux diplomate dandy Ottoman. On peut à peine imaginer l’ampleur du scandale qu’aurait provoquée pareille œuvre si elle avait été exposée publiquement en son temps. Après avoir voyagé de mains en mains de collectionneurs pendant plus d’un siècle, le tableau finit par être acquis par le musée d’Orsay en 1995. Sa présentation provoque alors polémiques et intenses débats, encore menés de nos jours où sa publication sur les réseaux sociaux peut valoir la censure. La réputation sulfureuse de l’œuvre demeure ainsi que son statut d’icône de l’art scandaleux à la française.

Gustave Courbet, l’Origine du monde, 1866

Pour Edouard Manet, la création d’œuvres à l’érotisme naturel opposé à l’idéalisé académisme a aussi été source de tonitruants scandales. Comme celui causé par son déjeuner sur l’herbe dévoilé en 1863 qui présente dans un cadre forestier une dame en tenue d’Ève pique-niquant en compagnie de deux messieurs, eux vêtus. Ce n’est pas la nudité qui choque en soi, c’est le fait qu’elle soit employée dans ce contexte. Le nu est alors normalement réservé aux sujets religieux et mythologiques et représenter ainsi une femme dans une scène tranquille et banale du quotidien qui plus est avec des hommes est à l’époque absolument impensable.

Le déjeuner sur l’herbe, Edouard Manet, 1863

Et comme si cela ne suffisait pas, Manet en rajoute une couche deux ans plus tard avec Olympia. Ce tableau qui détourne le modèle sacré de la Vénus de la Renaissance pour représenter une prostituée de luxe toisant le spectateur comme elle toiserait le client suscite une indignation encore plus importante que celle du Déjeuner. C’est précisément cette attitude austère, cet air de défi dans le regard qui choque l’assistance. Scandale !! Comment ce malotru de Manet ose-t-il ? Le peintre, lui, rejette toute accusation de provocation gratuite et déclare simplement dans un souci du réel avoir peint « ce qu’il a vu ».

Olympia, Edouard Manet, 1865

Les deux tableaux comptent désormais parmi les plus célèbres et iconiques du patrimoine artistique français et sont exposés en place d’honneur au musée d’Orsay.

Emile Zola

On a souvent l’image d’Émile Zola comme étant celle d’un vieux petit père tranquille du patrimoine littéraire, auteur de ces fameux classiques à rallonge qui nous pourrissent nos années collège. Mais que nenni. Notre homme était plutôt un énorme rageux dépressif tendance punk hardcore qui semblait s’être donné la mission d’en découdre avec la terre entière et qui l’a plutôt bien accomplie. Dans son œuvre riche s’étalant sur près de 50 ans, on ne compte plus les pavelards en forme de brûlots : Thérèse Raquin, Germinal, L’Assommoir, la Terre, la Curée, J’accuse et j’en passe. Scandale sur scandale. L’idée d’Émile avec son style naturaliste fut notamment de donner une voix tonnante aux oubliés de France (Ce que Balzac n’a jamais fait et que Hugo faisait trop « romantiquement ») d’emmerder le bourgeois en le mettant en face de sa bien-pensance hypocrite et de livrer à l’occasion la description sacrément crue pour l’époque de la sexualité et des mœurs, ce qui lui valut d’être souvent traité de « porc » et de « pornographe » par ses détracteurs.

Et le tout avec un style pétaradant (aux quelques accents romantiques ici et là !) qui ne retenait pas ses coups. Son article J’accuse en 1898 dans lequel il prend la défense d’un officier juif accusé de trahison envers la nation fut la cerise sur un gâteau déjà sacrément copieux. Cette tempête ainsi provoquée dans le lourd climat antisémite de l’époque a été tellement violente que Zola dut s’exiler en Angleterre pour échapper à la prison. Jusqu’à sa mort, un grand déchaînement de haine et de colère lui sera exprimé par ses ennemis, certains allant même jusqu’à perturber la marche funèbre le jour de son enterrement.

Les Impressionnistes

Probablement le mouvement pictural le plus célèbre de l’art français, voire de l’art tout court. Il fut à la peinture ce que la Nouvelle Vague fut au cinéma, soit une révolution artistique opérée dans les années 1860 et portée par un souffle juvénile cherchant à faire renverser la peinture de papa académique « Second Empire compatible » par un art plus libre, plus instinctif, plus diffus. On sort des ateliers pour peindre en plein air, capter la vie et la lumière. Mais comme toute grande entreprise de modernité, elle n’a pas été sans douleur ni peine. En ces temps où l’académisme était roi, les impressionnistes ont essuyé les refus des salons, subi les railleries de la presse, le mépris du public avant d’imposer cette vision de l’art, longtemps jugée scandaleuse mais aujourd’hui devenue institution mondiale.

Rimbaud et Verlaine

Bah oui, forcément. Je ne saurais même pas par où commencer avec ces deux sagouins là. La Vierge Folle et l’Epoux Infernal. Imaginez juste : Ce tandem de soiffards aux majeurs levés bien haut aux visages de la bourgeoisie et de la morale établie, ces poètes homosexuels très portés sur l’absinthe et le désordre dans la France conservatrice de l’après Commune. Assez parlant comme tableau, non ?

On connaît l’histoire par cœur : Verlaine qui quitte femme et enfant pour vivre une idylle bien toxique et mouvementée faite d’arts et d’ivresse entre la Belgique et l’Angleterre avec ce petit merdeux de Rimbaud. Le coup de pistolet que Verlaine tire ivre mort en direction de Rimbaud au bout de deux ans de cavalcade sonne comme la fin de cette sauvage récréation et les procès et les scandales qui s’en suivirent achèveront de faire entrer à posteriori ce couple de sagouins dans la grande légende de l’art français.

Mais au-delà de leurs scandaleuses affaires de mœurs, c’est par leur poésie qu’ils ont avant tout brillé. Chacun dans leur style, Verlaine en tant que maître de la musicalité et Rimbaud en tant que jeune prodige punk et visionnaire avec sa Saison en Enfer notamment, et son poème intitulé Mauvais Sang dans lequel il chie poétiquement sur 1500 ans d’histoire de France. On se dit que ce n’est peut être pas plus mal que pareille œuvre n’ait pas rencontré de succès en son temps en 1873 au vu du scandale monumental qu’elle aurait provoqué et on reste admiratif et amusé au vu de sa grande et troublante résonnance avec l’esprit d’une grande partie de la jeunesse française et d’ailleurs d’aujourd’hui.

Camille Claudel et Auguste Rodin

Voilà un autre couple qui aura bien secoué l’histoire de l’art français, qui les retient aujourd’hui comme ses deux sculpteurs les plus célèbres. C’est avec eux que l’art de la sculpture a basculé dans la modernité. Ici aussi la démarche s’inscrit dans l’optique de s’affranchir des stricts codes académiques et leurs sujets religieux et mythologiques pour sculpter quelque chose de plus viscéral, de plus réel, humain, en un mot, ironique, de donner plus de « corps » à la sculpture. Les gardiens du temple de l’art académique ont ainsi fortement rouspété devant l’originalité, la sensualité, la dimension charnelle, l’expressionisme saisissant de leurs œuvres.

Le fameux Penseur, la plus célèbre création de Rodin réalisée en 1880

Rodin, même si il a l’eu aval de quelques des grands de son temps comme Hugo ou Zola, a du fait de son style unique et sans concession, beaucoup choqué et dérangé ce qu’il ne l’a pas empêché à force de travail et de détermination de devenir de son vivant une star suscitant la grande admiration de ses pairs et incarnant l’image romantique de l’artiste français moderne et exigeant.

Camille Claudel, son élève devenue sa compagne, puis sa muse, puis sa rivale, n’aura pas la même reconnaissance, parvenant peu à sortir de l’ombre trop géante de Rodin, malgré son immense talent. Sa santé mentale fut violemment impactée suite à leur déchirante séparation, la poussant fatalement dans la folie et la misère.

L’Âge Mur, chef d’œuvre de Camille Claudel

Ce n’est qu’après sa mort, survenue au terme d’un internement forcé de 30 années en asile psychiatrique, que l’histoire se penche sur son destin et la retient enfin, elle et son art unique. Le temps a fait son œuvre et a mis la lumière sur celle de Camille, sur le fait qu’une femme sculptrice en ces temps là représentait déjà un exploit en soi et qu’en plus a-t-il fallu qu’elle ait un talent extraordinaire.

Colette

L’écrivaine française la plus chic et iconique de l’histoire. Elle est encore aujourd’hui un modèle incontournable en terme de flow et de plume. Sa vie et son parcours d’artiste furent endiablés. Après avoir été responsable du plus gros succès de librairie de la Belle Époque avec sa série des Claudine qu’elle publie anonymement sous le nom de son mari, elle se sépare de ce dernier, adopte un look à la garçonne et entame une carrière dans le monde du music hall en même temps qu’une vie de bohème qu’elle débride au rythme d’amours lesbiennes. De quoi déjà bien faire souffler du nez et taper du poing la bourgeoisie soit disant bien mise de ces temps-là, à qui Colette donnera l’occasion de carrément hurler au loup un soir de 1907 où elle donne une représentation d’un spectacle de pantomime qu’elle conclut par un baiser lesbien échangé avec Mathilde de Morny (Nièce de Napoléon III), sa compagne d’alors. Le scandale est total, le public pète un câble ce qui entraîne l’arrêt du spectacle par le préfet de police et vaut à Colette d’entrer dans le collimateur des autorités religieuses.

Mais ça lui vaut aussi d’entrer dans la légende, comme chacun sait. Un tel tempérament ne se laisse pas dicter l’existence, et c’est ainsi toute sa vie et sa carrière que Colette gardera cette liberté de ton et de geste desquels découlent son héritage colossal : Celui d’une femme de lettres visionnaire en des temps de grand patriarcat, icône de la mode, des arts, du féminisme et de la France, pays dans lequel elle fut la première femme à recevoir des funérailles nationales.

Guillaume Apollinaire

Poète, ripailleur, esthète, pornographe, dramaturge, critique d’art, soldat aguerri de la Grande guerre… Nombreuses sont les casquettes qu’aura revêtues ce drôle d’oiseau d’Apollinaire en 38 années d’existence. On retient communément celle du poète, celui qui renversa comme personne les codes de la poésie en supprimant la ponctuation de ses vers et qui popularisa les fameux calligrammes, ces poèmes formant des dessins. Des déterminantes innovations qui lui valent entre autres d’être aujourd’hui considéré comme une icône incontournable de la littérature française, statut qu’il acquit (en somme comme tous les modernistes cités dans ce foutu article) également en agitant avec scandale d’autres codes, en l’occurrence ceux du théâtre :

Cela se produisit avec sa pièce Les Mamelles de Tirésias présentée en 1917 qui choqua par son iconoclasme s’exprimant autant dans sa forme surréaliste que dans son propos provocateur : Soit l’histoire d’une femme nommée Thérèse, qui refuse d’avoir des enfants, décide de changer de sexe, devient ainsi Tirésias puis force son mari à porter des enfants à sa place, le tout avec un discours au féminisme vindicatif sacrément moderne pour l’époque. La première se déroule dans un chaos total, la presse tire sur la pièce à boulets rouges, mais surtout, surtout une grande page de l’histoire de l’art français commence à s’écrire ce jour là : En effet, un certain André Breton assiste ravi au spectacle et reprendra quelques années plus tard à son compte le terme « surréaliste » pour ériger le mouvement artistique révolutionnaire que l’on connaît…

Matisse et Picasso

Une des plus célèbres rivalités de l’histoire de l’art. Qui eut Paris comme théâtre. Car en ce début de XXe siècle, la ville lumière est le lieu d’allégeance où la modernité artistique a fait son nid. Elle vibre au rythme des naissances de styles et de sensibilités nouvelles d’artistes fous et bohèmes venus du monde entier. Picasso et Matisse furent d’entre eux. Deux fers de lance qui s’élevèrent mutuellement dans une bataille à coups de chefs d’œuvre interposés.

C’est Matisse qui tira le premier avec sa Femme au chapeau peinte en 1905 et présentée au salon indépendant où elle scandalise :

La Femme au chapeau, Henri Matisse, 1905

L’usage de la couleur est révolutionnaire, voilà un style pictural où elle détermine tout. Elle ne sert plus seulement à illustrer fidèlement le sujet ou le réel. On en fait désormais la force motrice de l’œuvre, son personnage principal dirait même t-on, l’élément qui en raconte l’histoire. En un mot, on la libère ! Ainsi naît dans le sillon de Gauguin, Cézanne et des autres nabis : Le fauvisme ! Mythique courant de l’histoire de la peinture dans lequel la libération de la couleur atteint une violence inédite, d’ordre presque psychédélique voire punk, dans le but de choquer, d’électriser le spectateur. Le mouvement sera violemment conspué à ses débuts comme le fut son aîné l’impressionnisme mais Matisse en chef de file déterminé s’en ira le porter plus haut encore avec une autre toile caractéristique qu’il réalise dans la foulée : La fameuse Joie de vivre !

La Joie de vivre, Henri Matisse, 1905

La critique est scandalisée une nouvelle fois. Mais il y a un certain peintre espagnol qui est particulièrement réceptif à cette démarche : Il s’appelle Pablo Picasso. Matisse exerce sur le minotaure andalou alors encore inconnu une influence déterminante qui le fera, à son tour en réaction et dans un esprit de compétition assumé, créer ses propres chefs d’œuvre. Ainsi arrivent les célébrissimes Demoiselles d’Avignon, annonciatrices du mouvement cubiste et avec tout cela bien évidemment encore et toujours lui : Le scandale !

Les Demoiselles d’Avignon, Pablo Picasso, 1907

La rupture de ton est si brutale, le cassage des codes si violent que même la bande d’amis artistes de Picasso, pourtant bien rompue aux bizarreries, reste interdite devant le tableau. La compétition entre Picasso et Matisse est ainsi lancée et sous cette impulsion, l’art moderne continuera de se développer tout au long du XXe siècle, tendant toujours plus vers l’abstraction et la transgression, porteur contre vents, marées et scandales de l’esprit de sa terre natale, la France, et de ses chevaliers de l’art au cœur révolutionnaire.

Marcel Duchamp

Voilà un autre chevalier de l’art français, tendance troll. Marcel putain de Duchamp. Alors lui, c’est un cas exceptionnel. Après avoir estimé être allé au bout de sa démarche de peintre, il quitte en 1915 la France qu’il juge trop cloisonnée artistiquement pour New York et arrive là bas en bon français balécouilliste qui questionnera le monde de l’art avec un fait d’armes révolutionnaire si scandaleux qu’il continue de provoquer des débats aujourd’hui plus d’un siècle plus tard.

L’acte a lieu lors de l’expo du salon des artistes indépendants de New York à laquelle tout le monde peut exposer moyennant une cotisation de 6 dollars. À cette condition toutes les œuvres présentées sont admises, le comité ne refuse aucune œuvre pour raisons esthétiques. « Ah bon ? Eh bien c’est ce qu’on va voir » se dit Duchamp. Notre homme décide ainsi d’envoyer en guise de participation un urinoir ! Acheté dans une boutique de plomberie non loin, signé « R. Mutt » (détournement du nom du fabricant) et baptisé « Fontaine ».

Le fameux chiotte « Fontaine » de Marcel Duchamp

Le comité de sélection tombe des nues. Certes il est stipulé qu’aucune œuvre ne doit être refusée mais là ? Un putain d’urinoir ? Est-ce même vraiment une œuvre ?? La candidature est rejetée derechef pour motif d’immoralité.

Duchamp ira plaider sa cause dans la presse à grand renforts d’articles exposant son point de vue comme ceci : « Qu’importe que l’artiste ait fabriqué l’objet ou non, le fait est qu’il l’a choisi et réutilisé de sorte que sa signification d’usage disparaisse sous un nouveau point de vue, créant ainsi une nouvelle pensée pour cet objet. » Duchamp invente ainsi les « ready-made », ces objets du quotidien déjà créés qu’on détourne de leur fonction première pour en faire des œuvres d’art. Cette approche change totalement le rapport à l’art et aux artistes et impose Duchamp comme un grand et scandaleux pape de l’histoire de l’art dont l’influence s’est faite grandement sentir sur des mouvements comme le fameux pop art de Warhol et sur bon nombre de formes radicales d’art contemporain jusqu’à ce jour.

Les Surréalistes

SURREALISME, n.m : automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale

Voilà avec quels mots l’écrivain André Breton définit en 1924 le surréalisme dans son fameux manifeste. Le ton est ainsi donné pour toute une bande d’artistes traumatisés et fâchés par la guerre de 14 qui déferle avec fracas sur l’histoire de l’art pour la changer à jamais. Littérature, poésie, musique, peinture, sculpture, théâtre, cinéma, toutes les disciplines passent au fil de l’épée surréaliste pour exprimer un langage artistique inédit où sont explorés et illustrés l’absurde, le rêve, l’inconscient. La société française en est secouée puis dans sa foulée la terre entière, la résonnance du mouvement atteignant un écho planétaire à une époque où la mondialisation ne coule pourtant pas de source. De l’encre, cette bande de joyeux lurons en a bien fait couler. Leurs coups d’éclats ne furent pas seulement artistiques, ils ont également défié la France sur le plan moral, faisant la part belle aux artistes femmes alors très peu représentées, s’opposant au colonialisme et vivant selon des mœurs libres et décousues dans le Paris des années folles. Sur le plan politique, ils ont porté allégeance au controversé parti communiste, ce qui a d’ailleurs causé de grandes dissentions au sein du groupe.

Le Grand Masturbateur, Salvador Dali, 1929
René Magritte, Les Amants, 1925
Man Ray, Violon d’Ingres, 1924

André Breton, Louis Aragon, Paul Eluard, Robert Desnos, René Magritte, Salvador Dali, Man Ray ou Luis Buñuel, pour ne citer qu’eux, sont autant de noms porteurs d’un mouvement dont l’influence et l’esprit sont voués à se faire pour toujours ressentir dans les formes d’art modernes.

L’Âge d’or de Salvador Dali et Luis Buñuel

Dans la famille des surréalistes, je demande les deux narvalos venus d’Espagne : Le peintre Dali et le cinéaste Buñuel. De toute cette joyeuse bande d’agitateurs qu’étaient les surréalistes, ces deux locos furent probablement les plus scandaleux. Ils arrivèrent tous deux en France, cette terre d’asile pour artistes fous, au milieu des années 20, attirés par l’effervescence de l’avant garde parisienne et s’en allèrent copiner avec André Breton et sa troupe. Ils trouvèrent rapidement de quoi exprimer dans leur art liberté d’esprit et colère vis-à-vis de la bourgeoisie et de la religion et leur association donna notamment naissance à deux œuvres restées célèbres :

  • Un chien andalou dévoilé en 1929, court métrage qu’ils composent d’images inspirées de leurs rêves, premier coup d’éclat du cinéma surréaliste devenu depuis un classique du cinéma mondial et dont on retient l’iconique plan de l’œil tranché horizontalement au rasoir
Le plan iconique d’Un chien andalou
  • Et puis l’Âge d’or, long métrage qu’ils réalisent en 1930, véritable attaque artistique assumée contre le clergé et la bourgeoisie et qui provoquera le premier grand scandale de l’histoire du cinéma français en raison notamment d’une scène pastichant le marquis de Sade où le Christ est représenté en chef organisateur d’orgies. Devant un tel blasphème, des ligues d’extrême droite saccagent le cinéma où le film est projeté, une violente bataille idéologique à l’écho mondial s’engage dans la presse entre supporters et détracteurs du film et la commission de censure finit par ordonner une interdiction de diffusion qui sera effective pendant 50 ans.
Jésus représenté en organisateur d’orgies dans L’Âge d’or

Buñuel et Dali nous sont certes venus d’ailleurs, de l’Espagne notre chère voisine, mais l’activité artistique révolutionnaire qu’ils ont mené dans notre pays en font des illustres représentants de son art et de son esprit.

Jean Cocteau

Véritable homme orchestre et figure majeure de l’histoire l’art du XXe siècle, Jean Cocteau a fait preuve tout au long de sa carrière d’un état d’esprit d’esthète moderne toujours soucieux de bousculer les conventions, en art comme dans la vie. En assumant son homosexualité à une époque où ce n’était pour ainsi dire pas vraiment à la mode et en nous laissant une large œuvre de touche à tout iconoclaste, excellant dans plusieurs domaines : Poésie, peinture, littérature, théâtre, cinéma etc…

C’est cela dit avec le ballet que son entrée dans la légende de l’art se produisit en 1917, un genre qu’il revisite avec audace et férocité dans une œuvre intitulée Parade, mixant music hall et cirque et étant épaulé par deux autres célèbres audacieux : Pablo Picasso aux décors et costumes et Erik Satie à la musique. La première représentation de ce spectacle avant-gardiste cassant violemment les codes provoque un grand scandale dont Cocteau se vantera allégrement : « J’ai fait hurler le tout Paris… »

Brigitte Bardot

Brigitte Bardot est une des femmes françaises les plus célèbres de l’histoire. C’est une icône nationale, qui fut même la première célébrité à officiellement « incarner » la république en prêtant ses traits à l’allégorique Marianne pour le traditionnel buste. Mais son entrée dans la légende se fit par la porte du scandale en 1955 avec le film Et dieu créa la femme de Roger Vadim. Le personnage de blonde incendiaire qu’elle y incarnait exprimait sans détour, pourrait-on dire comme un homme, son désir sexuel, ce qui était sans précédent dans le cinéma français d’alors, plutôt habitué aux bonnes vieilles gentilles potiches et déjà un peu aussi aux femmes fortes certes, mais dans le genre catholique prude. La tornade Bardot est ainsi venue secouer ce vieux monde enraciné dans ses mœurs tranquilles pour sonner le brûlant coup d’envoi d’une libération sexuelle à l’écho mondial. Car oui, c’est bien toute la planète qui attrapa la fièvre Bardot, à commencer par les Etats-Unis où le film fut un triomphe suscitant au passage l’ire des institutions religieuses et la censure. Bardot fut décriée avec violence, telle une catin du diable envoyée sur Terre pour y répandre débauche et désolation. La dure rançon de la gloire pour cette jeune femme d’alors 22 ans, qu’une place de choix attendait cela dit dans l’histoire du cinéma et de la France. Et surtout dans le cœur des jeunes.

Je me souviens ainsi de mon professeur d’EPS en première, monsieur Delbart, nous racontant au détour d’une conversation sur les femmes ses souvenirs d’adolescent remontant à la grande époque de Bardot.

Il avait des étoiles dans les yeux.

Jean-Luc Godard et la Nouvelle Vague

Godard. Un nom à la résonnance toute particulière dans l’histoire du cinéma. C’est celui du plus turbulent des sales gosses de la Nouvelle Vague, ce mouvement cinématographique français venu révolutionner le cinéma à la fin des années 50. Jean-Luc, non content de déjà bien fâcher les puristes de l’époque avec son approche expérimentale dynamitant en règle les conventions cinématographiques, a également beaucoup fait parler de par ses engagements politiques souvent exprimés avec colère et provocation : On compte notamment son évocation des tortures durant la guerre d’Algérie dans Le Petit Soldat qui valut au film d’être censuré par le gouvernement français, l’annulation sous son impulsion du festival de Cannes en 1968 en solidarité aux grèves estudiantines, son virage maoïste entrepris dans cette foulée etc…

Godard avec Bardot et Piccoli sur le tournage du Mépris

Il scandalisa aussi sur le plan religieux avec son film Je vous salue Marie sorti en 1985 dans lequel il propose une version contemporaine de l’histoire de la Vierge Marie à teneur philosophique et érotique. Le remous que le film causa dans les milieux catholiques fut tel qu’outre les traditionnelles manifestations d’intégristes devant les cinémas diffusant le film, le Pape Jean Paul II lui même se mêla de l’affaire, arguant que le film « blessait profondément le sens religieux des croyants »

Godard ne fut pas le seul soldat de la Nouvelle Vague à choquer son catholique, son compère Jacques Rivette s’y était déjà collé en 1966 avec son film La Religieuse adapté du sulfureux bouquin du même nom de Diderot datant du XVIIIe siècle. Il est question de l’histoire de Suzanne Simonin, une enfant illégitime que ses parents enferment contre son gré dans un couvent où elle connaîtra malheurs, misères, harcèlements et débauches sous le joug de sadiques et illuminées mères supérieures.

Le roman de Diderot avait déjà fâché en son temps, le film en fit autant. Sa sortie intervint en pleine campagne électorale dans la France gaullienne et mis sous pression par diverses institutions religieuses qu’il ne souhaitait pas se mettre à dos durant ce contexte, le gouvernement finit par interdire purement et simplement le film.

Anna Karina dans le rôle de Suzanne Simonin

Une bataille juridique s’engage alors à l’issue de laquelle l’interdiction de diffusion est levée et le film peut enfin sortir à l’été 1967 et rencontrer un fort joli succès auprès du public ainsi qu’à posteriori un statut de classique du cinéma.

Yves Saint Laurent

Si il y a bien un domaine dans lequel les français sont réputés mondialement, c’est bien celui de la haute couture et du luxe. Et parmi tous les grands noms qui ont fait son histoire que sont Vuitton, Chanel, Dior, Hermès et j’en passe, il y en a un qui brille particulièrement : Celui de Yves Saint Laurent. Le jeune prodige tendance enfant terrible a fait entrer la haute couture dans le rock’n’roll, lui a donné la saveur de l’art des maîtres de la peinture et a poursuivi la grande démarche de libération du vestiaire féminin initiée par Coco Chanel. Sa grande révolution stylistique s’opère dans les années 60 en même temps que la révolution sexuelle et donne lieu à la création de pièces devenues mythiques : La robe Mondrian en hommage au célèbre artiste néerlandais, le chemisier transparent, le smoking, la collection « pop art » etc…

La robe Mondrian en 1965
Collection pop art, 1966
Première incursion dans la transparence en 1966
Smoking pour femmes, 1966

Mais comme vous vous en doutez bien évidemment, ces innovations ne sont pas allées sans leur lot de polémiques. La presse qui avait pourtant jusque là soutenu ces créations créa entre elle et l’artiste un violent antagonisme en 1971 lorsque Saint Laurent dévoila sa collection dite « Libération » (inspirée de la mode française sous l’Occupation !) faite de pièces au modernisme jugé trop brut.

Le déchaînement médiatique fut terrible. Yves Saint Laurent, loin de se soumettre, perpétua dans le jusque boutisme et la provocation avec le lancement de ses parfums, révolutionnaires dans leurs arômes, la forme de leurs flacons et jusque dans les campagnes publicitaires les accompagnant : Celle du parfum pour hommes en 1971 est ainsi illustrée avec une photo en noir et blanc du créateur lui même, dans le plus simple appareil.

Yves Saint Laurent posant pour son parfum pour homme en 1971

De quoi ajouter une belle lampée de souffre à une réputation qui n’en manquait déjà pas. Ajoutez également à cela un mode de vie largement rythmé par la drogue et l’alcool, sa trouble et vilaine histoire de la Vilaine Lulu et vous trouvez en Saint Laurent un complet représentant de cette race d’artistes assez typiques de la France, avant gardistes et libertaires, déchaînant passions et remous dans le monde entier et que l’histoire retient comme emblèmes culturels.

Michel Polnareff

Au début des années 70, Michel Polnareff est le chanteur ayant le plus de succès en France. Il annonce en grande pompe sa tournée Polnarévolution avec des affiches placardées dans tout Paris le représentant cul nul. Résultat : Scandale énorme et condamnation pour attentat à la pudeur pour un chanteur déjà bien dans le viseur des conservateurs qui depuis ses débuts le percevaient comme un symptôme de fin de civilisation.

Emmanuelle

1968, avec son fameux mois de mai, fut une année de révolution. Dans l’histoire de France, on peut la poser sans peine à côté d’autres années de cette nature telles que 1789, 1830, 1848 ou 1871. Le basculement qu’elle provoqua, (fruit de l’explosion d’un bon paquet de dynamite aux mèches allumées au milieu des années 50) eut pour effet une profonde refonte sociétale des mœurs qui se fit chaudement sentir dans la culture à partir de la décennie qui suivit : Les années 70 furent ainsi le théâtre d’une grande arrivée d’œuvres au doux parfum de scandale et d’érotisme. Le film Emmanuelle fut l’une d’entre elles.

Profitant d’un assouplissement des règles de la censure qui lui permet de bénéficier des circuits de diffusion du cinéma traditionnel seulement frappé d’une interdiction aux mineurs, le film sort en grande pompe en juin 1974. Entouré de sa nature scandaleuse, il devient rapidement phénomène de société et réalise au box office un triomphe historique : Ce sont au total plus de 8 millions de spectateurs qui le verront en France pendant ses 10 années d’exploitation. À Paris, il devient même une attraction touristique, les cinémas le diffusant l’été avec un sous-titrage en anglais pour l’occasion. Le succès se rencontrera également grandement hors de nos frontières notamment aux États-Unis et au Japon.

Imaginez un pays dans lequel un film érotique se classe large leader du box office annuel devant les Disney et les blockbusters ? Pas mal non ? C’est en France.

Les Valseuses

1974, année décidément érotique. Outre Emmanuelle, nous avons eu également cette année là Les Valseuses de Bertrand Blier avec ce qui est probablement l’œuvre qui représente à son paroxysme le « je-m’en-bats-les-couillisme » français des années 70. Il n’en avait absolument rien à foutre le Bertrand. Dans un grand souci typique de l’époque de transgression des limites du politiquement correct (que dopa certainement l’esprit Kubrickien régnant avec Orange Mécanique), il nous livra ainsi ce film comico-dramatico-érotique aux allures de fable anarchiste et anti-bourgeoise racontant l’odyssée à travers la France de deux jeunes voyous (D&D, Dewaere et Depardieu) et d’une shampouineuse (Miou-Miou) dans laquelle tous les coups sont permis : Sexualité ultra débridée, misogynie, violence, agressions sexuelles… C’est un sacré témoin de l’esprit libertaire de son temps où semblait régner une belle envie d’envoyer chier tout et tout le monde. Le film déclencha une énorme polémique dans la société française à sa sortie et réalisa ainsi la belle performance de fâcher en même temps la droite conservatrice et les féministes, les uns lui reprochant son éloge de la débauche et de la décadence et les autres sa violente et crasse misogynie exprimée à l’égard des personnages féminins.

Même encore aujourd’hui, le film reste complètement lunaire et certaines de ses scènes où Dewaere et Depardieu, ce dernier ayant déjà des airs de Martin Guerre, se livrent allègrement à des agressions sexuelles ne manqueraient pas de filer quelques boutons à certains.

Mais derrière la brutalité et la stupidité de ces deux cas sociaux se cache une fragilité presque touchante. Certes ils sont drôles, ils ont bon fond, ils parlent la langue truculente de Blier qui fait de chaque réplique un proverbe, ils sont interprétés par deux comédiens fabuleux dans leur alchimie et leur charisme.

Mais aussi grand Dieu, qu’est ce qu’ils sont misérables. Blier ne s’est pas privé de montrer à travers eux la fragilité éternelle de l’homme face à la femme, cette créature à priori inférieure à lui qu’il violente, qu’il opprime, qu’il cherche à contrôler mais à côté de laquelle il se retrouve au final si souvent faible et pathétique.

Le film a cristallisé les débats en son temps et il le fait toujours aujourd’hui. Cela ne l’a pas empêché d’être un carton monumental au box office, de devenir un grand objet culte du patrimoine français, de faire plein plein plein de petits et de faire de son trio d’acteurs principaux des stars nationales, Depardieu devenant même, à posteriori l’acteur le plus populaire du cinéma français.

Serge Gainsbourg

Alors celui là, on le présente plus. C’est limite s’il pourrait avoir un article à lui seul, l’animal. On connait tous cette célèbre figure de la chanson française et son fameux alter ego Gainsbarre, alcoolique au ton gâteux et aux manières provocatrices de dandy importées du XIXe siècle. Gainsbourg dès lors qu’il commença à avoir du succès à la fin des années 60 fut un grand pourvoyeur de scandales. On relève ceux d’ordre musical causés avec ses chansons :

  • Je t’aime moi non plus : D’abord prévu comme un duo avec Bardot, c’est finalement avec sa compagne Jane Birkin que Gainsbourg enregistre en 1969 ce slow lyrique et sulfureux au refrain évocateur : « Je vais et je viens entre tes reins ». Le ton érotique du morceau provoque un scandale qui vaudra la censure dans plusieurs pays et pour Gainsbourg un premier grand succès en carrière.
  • Aux armes et cætera : Titre du morceau dans lequel Gainsbourg reprend en 1979 La Marseillaise à la mode reggae. Ce qui n’est pas du tout mais alors pas du tout au goût des militaires qui y voient là une insulte à la nation et plusieurs associations d’anciens combattants se démènent ainsi pour empêcher la diffusion du son. La tension va culminer lors d’un concert que Gainsbourg annule suite à une alerte à la bombe mais auquel il se présente cependant pour clamer son insoumission et chanter La Marseillaise a capella. Les paras présents sont obligés de se mettre au garde à vous. Le morceau est un immense succès, contribue à populariser le reggae en France et apporte à Gainsbourg son premier album disque d’or.
  • Love On the Beat : Sur cet album que Gainsbourg sort au sommet de sa gloire en 1984, il se fait plus transgressif et briseur de tabous que jamais. Le scandale est parfaitement au rendez-vous, amené notamment par deux titres : Love on the Beat, épique et funky poème pornographique de 8 minutes dans lequel Gainsbourg allusionne sodomie et cunnilingus et fait entendre en fond des puissants cris de jouissance poussés par sa compagne Bamboo qu’il aurait enregistrés durant leurs ébats… Et Lemon Incest, morceau très ambigu chanté en duo avec sa fille Charlotte qui honore l’amour paternel avec un très lourd sous entendu incestueux comme l’indique le titre.
Le sulfureux couple Gainsbourg/Birkin photographié en 1971

Et puis nous avons ses scandales médiatiques causés lors de mémorables apparitions en direct à la télévision :

  • Lorsqu’il déclara dans le plus grand des calmes « I want to fuck you » à Whitney Houston
  • Sa prise de bec avec Catherine Ringer
  • Et puis évidemment ce fameux jour où il brûla un billet de 500 francs en direct à la télé pour protester contre la lourde imposition à laquelle il était soumis

Comme pour Blier avec ses Valseuses évoquées plus haut, Gainsbourg au grand temps débridé de la France je m’en foutiste des années 80 était un peu roi dans son royaume mais 40 ans plus tard, la jeunesse progressiste dont il est ironiquement le père culturel spirituel le déplore et le cite régulièrement parmi les personnalités d’antan du genre très « problématique ». Là où il est, pas sûr que ça le dérange l’animal. On se dit que c’est même un moindre et logique mal pour cet artiste qui incarna comme personne d’autre au XXe siècle cet archétype révéré entre tous du poète maudit et infernal dont la France a si souvent pourvu l’imaginaire collectif.

Jean Paul Gaultier

Le grand enfant terrible de la haute couture française qui emprunta le chemin tracé par le prophète Saint Laurent. Jean Paul Gaultier n’a certes pas causé de scandale sociétal majeur comme son aîné mais son style excentrique et exubérant lui a assuré à l’international l’image d’un jovial provocateur, usant justement de cette esthétique de l’artiste scandaleux pour venir dynamiter les codes de la mode comme personne avant lui, avec cet univers totalement décomplexé à l’esprit qui tient autant des Folies Bergère que du punk rock. Comme grands faits d’armes à son palmarès, nous avons la popularisation sous son impulsion de la jupe et des kilts dans le vestiaire masculin, l’inclusion lors de ses défilés de mannequins aux profils inhabituels (personnes obèses, de couleur, drag queens etc…), ses collaborations avec la scandaleuse Madonna pour laquelle il créa le fameux bustier au seins coniques ou encore sa création de la garde robe du film Le 5e élément de Luc Besson avec notamment le non moins fameux et iconique costume à bandes blanches de Leeloo.

Madonna arborant le corset de Jean Paul Gaultier lors du Blonde Ambition Tour (1990)
Milla Jovovich dans le 5e élément dans son costume créé par Jean Paul Gaultier

Son art fait résonner ensemble l’esprit rétro et débridé des spectacles de cabaret et de l’opéra bouffe avec celui de la libération sexuelle, un cocktail en somme très français qui a trouvé client dans le monde entier. Et puis il est le créateur qui a popularisé la fameuse marinière, devenue ainsi un emblème majeur de l’imagerie française aux côtés de la baguette et du béret.

Mylène Farmer

Au début des années 80, Madonna envahit les charts du monde entier et devient une icône de la pop au savoureux goût de provocation et de scandale. La France ne tarde pas à se trouver dans la foulée un sacré pendant, cela dit plutôt rousse que blonde et plutôt gothique que disco : J’ai nommé Mylène Farmer.

L’arrivée en 1986 dans le paysage musical français de cette jeune femme de 25 ans fait l’effet d’une bombe atomique. Son single Libertine au célèbre refrain clamant « Je suis une catin » cause un grand scandale chez les puritains et qui plus est accompagné d’un très ambitieux clip de 10 minutes aux allures de court métrage, démarche encore inédite en France et inspirée par le modèle du fameux Thriller de Michael Jackson.

Mais ici pas question de zombies, on est plutôt en plein XVIIIe siècle libertin à la belle époque du rococo et du Marquis de Sade. Le réalisateur Laurent Boutonnat met Mylène en scène dans cette ambiance très Barry Lyndon où elle apparaît avec sa fameuse chevelure rousse en prostituée fière et décidée se dénudant sans pression dans des scènes érotiques.

Mylène Farmer paraphrase Barry Lyndon en Libertine
Et s’affiche nue sans vergogne…

La France n’avait jamais vu ça. Le scandale propulse le morceau et l’album en tête des ventes et lance à toute bringue la machine Farmer qui depuis 40 ans maintenant, roule toujours très bien, portée par cet univers sombre et évanescent sans cesse renouvelé où la tristesse, la mort, le sexe, la violence s’expriment sans complexe. Ce démarrage en trombe dans le scandale et le souffre n’aura pas empêché une carrière qui consacre aujourd’hui Mylène Farmer comme une icône française de premier plan connue dans le monde entier et comme l’artiste féminine ayant le plus vendu de disques dans l’histoire de la musique en France.

Allez, ici je m’arrête avec la chère Mylène, d’aucuns diront que j’ai gardé le meilleur pour la fin ! Disons leur oui ! Et Dieu sait si dans cette liste, j’aurais très bien pu faire également figurer Claude Debussy, Erik Satie, Joseph Kessel, Coco Chanel, Louis-Ferdinand Céline, Albert Camus et Jean Paul Sartre, Boris Vian, Françoise Sagan, NTM, Virginie Despentes, Gaspar Noé, Dieudonné et bien encore d’autres.

Le scandale est français

Autant d’artistes ayant contribué à faire du scandale un composant premier de l’imagerie artistique française, voire de la France elle même tant ils en incarnent pour certains le visage dans l’imaginaire collectif. Le scandale, qu’il soit artistique, politique ou religieux, que sa provocation eut été délibérée ou fortuite, est et a toujours été français.

Ainsi, quand il s’agit de présenter aux yeux du monde une cérémonie censée célébrer la France notamment à travers ses arts et leur histoire, mettre en avant ce paramètre du scandale me paraît parfaitement naturel. Et plus encore que mettre en avant ce paramètre du scandale, pourquoi ne pas carrément tant qu’on y est FAIRE le scandale ? Bah oui, histoire de servir le propos et d’honorer la réputation comme il se soit. Thomas Jolly et Katerine l’ont servi bien chaud (et sans faire exprès à les entendre.)

Il ne faut donc pas en vouloir à Philippe, il n’a fait que se plier inconsciemment de sa manière naturelle et insouciante à une vieille tradition nationale, presque même pourrions nous dire à ce qui constitue un devoir artistique sur cette terre si fertile d’esprits libres, francs et révolutionnaires, qu’ils soient dramaturges, philosophes, romanciers, peintres, poètes, sculpteurs, couturiers, musiciens, cinéastes, humoristes, qu’ils soient aristocrates, bourgeois ou prolétaires, qu’ils soient même étrangers, tous autant qu’ils sont n’ont jamais rechigné au nom de l’art et du droit suprême à le créer avec authenticité et liberté, à dire merde aux hommes, aux lois, aux rois, au monde, à la vie et même à Dieu.

© BORIS NGONDY-OSS

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